Les Yeux dans l’œil est une proposition chorégraphique qui aborde les soulèvements actuels dans le monde, leur niveau de violence et l’absurdité des répercutions traumatiques intimes face à ces rendez-vous sociaux.
L’effondrement a commencé et il est politique.
Alain Bertho, anthropologue du présent, souligne une « brutalisation des conflits sociaux un peu partout dans le monde entre les gens et l’État, comme si c’était la seule façon pour les gens de dire ce qu’ils ne peuvent pas dire autrement ».
« L’émeute, c’est le langage de ceux qui ne sont pas entendu » (Martin Luther King).
Aujourd’hui, ces colères globales pleines de reliefs ont un dénominateur commun : la violente et douloureuse crise sociale mondialisée.
Les yeux dans l’œil parle de ces affrontements et rend hommage aux personnes mutilées. Le choix du tempo rapide de notre danse, majoritairement groupale ou conflictuelle, ainsi que l’apparente agressivité de la gestuelle krump témoignent de la violence de ce temps actuel où la mise en danger de soi, face à des États muselés par la financiarisation de l’économie (les dettes souveraines représentent 75 % du PIB mondial), est un langage de révolution.
« Ils nous ont tout volé, même la peur » dit le mot d’ordre chilien.
Après un développement scénique foisonnant puis une sidération, l’extrait chorégraphique se termine à la fois par un clin d’œil aux différentes initiatives subversives de luttes « festives, ironiques » (le Carton qui croustille, la fanfare invisible, la brigade activiste des clowns) et par une interrogation sur les répercussions de ces violences à l’aune d’une vie humaine, en pointant l’absurdité d’un désespoir à moultes jambes, insurmontable…
À moins que cette joie ne soit le soulèvement pacifiste du Vivant ?
The collapse has begun and it is political.
Alain Bertho, an anthropologist of the present, points to a « brutalization of social conflicts almost everywhere in the world between people and the State, as if it were the only way for people to say what they cannot say otherwise ». « The riot is the language of those who are not heard » (Martin Luther King).
Today, these global angers full of contrasts have a common denominator: the violent and painful globalized social crisis.
Eyes in the Eye speaks of these clashes from a philosophical, psychological perspective, and pays tribute to the mutilated people. The choice of the fast tempo of our dance, mainly group or conflictual, as well as the apparent aggressiveness of the krump gestures testify to the violence of this time when the danger of oneself, faced with States muzzled by the financialization of the economy, is a language of revolution.
« They stole everything from us, even fear, » says the Chilean motto.
After an abundant stage development and then a stunning performance, the choreographic excerpt ends with a nod to the various subversive initiatives of « festive, ironic » struggles (the Carton qui croustille, the invisible brass band, the clown activist brigade) and with a questioning on the repercussions of these violences on the basis of a human life, pointing to the absurdity of a despair with three legs, which cannot be overcome…
Or is this joy the pacifist uprising of the living?
Film de travail réalisé dans le cadre d’une résidence aux Magasins Généraux – Déc. 2019